La Parole dans la pédagogie institutionnelle

 

Les micros-cours conceptuels:

La Parole dans l’institution

Le 10 lignes.
La Parole? Ce qui différencie et distingue l’être humain. La Parole n’est pas de fabrication strictement biologique, elle rompt l’individualité et ouvre sur le collectif - présent ou absent, de la mémoire et des groupes sociaux. Cette spécificité humaine se retrouve partout dans le monde, et elle y siège en ronds, en cercles, en petits et grands groupes, en assemblées,en conseils, en «debriefings». Elle scande la symbolique du lien, et du lieu. Elle transcende enfin les intérêts particuliers. C’est pourquoi elle doit revêtir les formes qui lui conviennent, et changer de dispositif à chaque intention soutenue. Il y a de la Parole, mais des paroles différenciées en institution. Dire ce que l’on fait, et faire ce que l’on dit. La mise en mots construit la réalité humaine et fixe les affects dans une grammaire commune. C’est ce qui fait que la violence est du point de vue des victimes et des agresseurs avant tout à «parler», autant qu’elle puisse alors se métaboliser, perdant de sa charge dans le sens qu’elle acquiert dans «l’institutionnel».

Nous en sommes à une maison à neuf clés, où nous pourrons ouvrir et fermer mentalement neuf lieux ; une vraie maison, avec sous-sols et greniers, où ces lieux articulent la vie de l’institution. Neuf états, neuf fonctions de la parole

 

Le bavardage. Il a dès lors, en temps et en heure, ses propres règles. Feu vert : c’est de la proximité sans suite, du moins le vit-on ainsi. On dit et on se dit.

On peut même boire un café ou un thé, bien que ce ne soit ni le café ni  le  thé qui commandent.

Nous tenions le bavardage pour essentiel dans certains groupes ou certains “ cours ”.



L’accueil. On reçoit et on identifie ; on nomme ; on présente. L’hôtellerie, c’est un style. C’est dans le lien entre le portier, le concierge et l’hôte, l’hôtesse, qu’il faut trouver l’entrée en matière. Entrer en maternelle, entrer dans la classe, commencer une formation, ici sont du même ordre.

Les nouvelles. Quoi de neuf ? On s’écoute un peu plus. Il y a du nouveau. Je tiens à dire… Il faut savoir… Les classes actives en sont friandes. Les thèmes, les tenseurs, qui soutiennent la vie des uns et des autres, émergent, à travers la TV, dans la rue, les livres.

Les ateliers. On produit. Des textes. Des journaux. Des outils. Des objets de pensée. Attention : feu orange. La parole est liée à la mesure du travail à faire en commun. Bien sûr, on s’organise. La théorie, la théorisation, opèrent en actes ; on construit du concept.



La Parole:

Le point de parole. La météo, la température. Ça va ou ça va pas ? On peut, très petit, lever la main ouverte : il fait soleil ; ou fermer le poing. On peut plus tard (se) dire (en) deux mots. On peut être plus long, s’il y a lieu, et si on le veut vraiment. Dans l’un de nos groupes, c’est ce sondage d’ambiance qui ouvrait ou non un temps de parole spécifique, le temps du groupe (se) parlant, mais à la demande explicite, dans cet équilibre où se précisent le désir et le besoin.

La Parole:

Le groupe de parole, c’est un gros point, plus ou moins fixe en théorie, une grande météo à la mesure de la température. Point Parole : quelque chose me préoccupe. Feu rouge : il y va du sujet. On y attachera une grande importance, et donc on ne le galvaudera pas.


Les boutiques. C’est fait pour le chaland. On peut y retrouver un thème, un tenseur, qui intéresse plus particulièrement quelques personnes. Ou y découvrir une activité intellectuelle ou une activité d’expression proposées par un praticien évidemment déjà avancé. Où se tuilent d’une autre façon les statuts, par le jeu des rôles autour de l’objet. Partager de la terre avec la cuisinière, pour le chef de service. Peindre en groupe avec la classe-problème du collège. Faire du yoga au CDI ou à la BCD.

Le conseil. Annoncer. Énoncer. Décider. Du symposium au groupe de crise, il s’agit de se prononcer. Toutes les institutions qui font l’Institution y sont en compte. Les lois, les règles, les différentes dimensions de l’univers y sont en stage. C’est l’institution zéro, elle ouvre la voie d’un langage.

Les bilans. On marque une pause, éventuellement pour (s’en) sortir, de l’institution. Dans les stages, il y avait toujours des microbilans, lieux par lieux. Puis en grand groupe une écriture de textes “ libres ”, qui déjà emportait le groupe vers sa fin. On a pu parfois lier, et pourtant distinguer, bilans en “ théorie ” : avec quels concepts je repars ?… Et bilans interpersonnels et personnels : ce que j’emmène, ce que je laisse ; ce que je prends, ce que je donne.

Hommage à Jacques Lévine.

Lire l’article en entier (Jacques Pain): «L’institution de la parole»

paru la 1è fois dans la revue de l’AGSAS: «Je est un autre» (1999)

Le dernier mot. Il nous est arrivé d’en porter la force jusqu’au point où la parole se refermait somptueusement sur elle-même, avec l’évidence du haïku, tout autour du dernier cercle où brûlait l’institution avant que chacun reprenne la route. Le responsable parle en dernier – “ en tant que ” – et il ferme. Il rend d’un coup les neuf clés, au destin et au désir ».

Merci à Sébastien Pesce

et à ses encarts de thèse

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