L’école de La Neuville  en 2008

 

les encarts de Sébastien Pesce cf Thèse

L’école de La Neuville 2: la scolarité

Encadré 2 :
La scolarité à la Neuville

Le contraire d’une école « digestive »
Faire l’école autrement, mais bel et bien faire l’école… faire « l’inverse d’une école digestive » dirait Françoise Chébaux1. On apprend pour faire, les apprentissages sont signifiants parce qu’immédiatement utiles : pour lire les journaux, écrire des lettres ou râler dans le carnet2. Affirmer la singularité de chaque sujet amène à rejeter un programme scolaire uniforme : « il n’y a pas une espèce de niveau idéal, ce qui compte ce sont les progrès. On ne dit pas : à tel âge on doit être en telle classe et savoir ça »3.

La scolarité, une activité parmi d’autres
Une entrée pour chacun, à son rythme, dans le projet : cela est rendu possible par un ensemble d’outils et de moyens (les ceintures, la disponibilité des adultes, les faibles effectifs dans les classes) tous en phase avec un principe plus global, souvent commenté par les éducateurs : « la scolarité [est] une activité parmi d’autres »4. Les enfants eux-mêmes commentent ce processus : pour Anne-Sophie, cuisine, football ou travail en classe se situent au même niveau5. Paradoxalement, c’est en minorant le rôle central de la classe que l’apprentissage devient omniprésent. Pour François, travail et apprentissage ne font qu’un… Qu’est ce que le travail ? « C’est quand je suis en train d’apprendre… c’est quand on aide à ranger le vendredi, quand on met le couvert, qu’on va chercher le pain, le lait à la ferme (…) »6.

Les Terrains de réussite et la « Ruse de Rousseau »
Le véritable travail éducatif vise à accompagner la formation d’individus complets, qui s’ils sont élèves, ne sont jamais seulement cela : c’est un principe essentiel de l’éducation nouvelle… unicité de l’enfant, éducation globale. La scolarité comme activité parmi d’autres, c’est la pédagogie, entendue comme cette ruse rousseauiste, selon l'expression de Meirieu, qui vise à placer sur le parcours de l’enfant, selon une stratégie bien pensée, des situations qui favoriseront un apprentissage signifiant7. Il s’agit de développer les « terrains de réussite »… Le football devient un « terrain idéal pour l’éducation »8 au sein d’une « pédagogie de la réussite » qui met tout en œuvre pour multiplier les moyens d’entrer dans le groupe, et d’être valorisé9. Ici, « on trouve toujours un domaine qui intéressera l’enfant. Quand l’enfant sera intégré, et pratiquera plusieurs activités avec plaisir, la scolarité lui apparaître moins angoissante et sans réduire son importance spécifique, il sera amené à réviser sa position vis-à-vis de la scolarité car il se sentira mieux armé (…) »10.

1 Chébaux (2006 : 53)
2 Ecole de la Neuville (1979 : 37)
3 Ecole de la Neuville (1985 : 28)
4 Amram & d'Ortoli (2001 : 69)
5 Ecole de la Neuville (1979 : 73)
6 Ecole de la Neuville (1985 :30)
7 Selon l’expression de Meirieu (2000)
8 Titre de l’ouvrage d’Amram & Audusse (2002)
9 Ibid., p.107s
10 Ecole de la Neuville (1985)
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